Fédération Française des Jeux de Dames Internationaux
64 & 144 casesHenry CORDIER, le damiste de Dijon, s'en est allé en ce froid début de février 2022 ...
Henry CORDIER était un personnage hors norme, protéiforme, dans tous les sens du terme. Sa carrière damique s'étale sur presque six décennies ! Il a fait tout ce qui est possible de faire dans le monde du jeu de dames. Il a été un brillant joueur en partie lente et a décroché en 1979 le titre de champion de France. Il a joué une bonne quarantaine de championnats de France, presque toujours en Nationale. il était redouté pour sa grande précision dans les milieux et fins de partie. Il était Maître National. Il a participé à plusieurs championnats d'Europe et du Monde.
Il était également Maître National dans le jeu par correspondance, à une époque où l'ordinateur n'existait pas. Il remporta d'ailleurs le titre de Champion de France dans les années 70. Un jour, il m'a montré un bureau à tiroirs et plateaux qu'il avait fabriqué (sauf erreur, il était menuisier de formation), pour disposer de plusieurs damiers et analyser plus facilement les nombreuses variantes.
Il avait aussi un troisième grade de Maître National, c'était dans le problémisme. Il excellait notamment dans les miniatures et les fantaisies, compositions assez surréalistes. Il remporta plusieurs concours dans sa carrière. Il est le seul joueur à avoir décroché les trois grades de Maître National. Même si le célèbre Algérois Georges Post (sans doute un modèle pour Henry) était lui aussi très fort dans les trois disciplines.
Henry était aussi un organisateur de tournois, un créateur (Coupe de France), un dirigeant à tous les niveaux (club, ligue, FFJD, FMJD). Il a été aussi rédacteur en chef de l'Effort, du Trait d'Amis...te et de L'attrait damiste. Il fut aussi Arbitre National (ce qui est en fait un 4è grade national).
En 1993, au Championnat de France Jeunes, à Troyes
En 1990, il emmena pour la première son fils Arnaud à un tournoi, à Parthenay. 4 ans plus tard, Arnaud était en Nationale, et encore 3 ans plus tard, il remportait le tournoi de Nimègue, davant de nombreux GMI ...
J'ai rencontré Henry en 1988, lors du tournoi de Romilly-sur-Seine. En 1991 et 1992, j'allai avec lui à Parthenay, ce qui fut le début de notre amitié. Toujours heureux, blagueur, bon vivant, il inspirait naturellement la sympathie.Son imagination était féconde (en poésie par exemple), riche, profonde, en perpétuelle ébulition.
Il coorganisa le championnat de France en 1995 à Troyes et remplaça au pied levé l'arbitre Maurice Faugier. C'est à cette époque qu'il remplaça le i de son prénom par un y, pour, me raconta-t-il un jour, se différencier de son éternel rival Henri Macaux ! En 1996,1997 et 1998, nous sommes allés aux Pays-Bas faire quelques tournois. De 2001 à 2012, il participait encore à de nombreuses épreuves dans la ligue Bourgogne-Champagne.
Puis, fatigué, il se retira à pas feutrés de la scène damique qu'il avait tant fréquenté, tant aimé, pour goûter à un repos bien mérité. Le jeu de dames était réellement pour Henry le jeu de toute une vie. Un jeu qui lui a apporté de nombreuses satisfactions.